Le passage de 12 400 MW à 13 500 MW témoigne de l’accroissement de la puissance électrique en République démocratique du Congo. Seulement, les défis liés à une demande croissante et à une production déficiente d’énergie plombent un secteur dont l’Autorité de régulation du secteur de l’électricité a lancé la réflexion le 24 juin 2024 avec les différentes parties prenantes.
Devant les opérateurs et les partenaires techniques et financiers réunis à la Perle de Sainte Anne, à Gombe, le Directeur général de l’ARE, Dr Sandrine Mubenga Ngalula a, avant de lancer la discussion autour des différents enjeux et défis, en vue de la recherche des solutions idoines, démontré dans le rapport annuel de l’ARE qu’il y a, depuis quatre ans, croissance énergétique en RDC. «On est passé d’environ 12 400 MW à 13 500 MW», a-t-elle indiqué après avoir donné, pourcentages à l’appui, tous les détails de 2020 à 2024, tant en ce qui concerne la basse, la moyenne et la haute tension.
Comme pour corroborer les propos du DG de l’ARE, trois opérateurs, auxquels la parole a été accordée et parmi lesquels Monsieur Fabrice Lusinde, DG de la Société nationale d’électricité (SNEL), l’ont confirmé et, à titre illustratif, le DG de la SNEL a expliqué que son Établissement public a au cours de deux dernières années réalisé 100 000 nouveaux raccordements, ce qui correspond à 1 000 000 d’habitants.
Nombreux défis
Ces assises étant organisées dans l’objectif de renforcer la dynamique collective autour des défis et perspectives du secteur de l’énergie en RDC, celles-ci ont permis aux uns et aux autres d’évoquer moult couacs auxquels ils sont confrontés. Entre autres il y a le problème de production déficiente d’énergie, celui de la forte demande ainsi que celui de la protection des opérateurs.
Si Monsieur Lusinde s’est attardé sur les limites auxquelles les opérateurs sont butés, Monsieur Andrien Fariyala, Représentant d’Eurasian Ressources Groupe (ERG), une compagnie qui a un chiffre d’affaires de 6,3 milliards de dollars et qui œuvre dans la production du cuivre et de cobalt, a insisté sur l’insuffisance d’énergie qui affecte le travail des grands consommateurs de l’énergie que ont les miniers.
Pour sa part, Monsieur Aimé Lobo, DG NURU, société de droit congolais spécialisée dans les minis réseaux et qui ambition de fournir à 10 millions de Congolais satisfaits du courant électrique de la classe mondiale d’ici 2030, a évoqué la problématique de la protection des investissements, martelant sur le cas de force majeure dû à la situation sécuritaire qui prévaut à l’Est du pays, lequel perturbe leur travail.
Les nœuds du problème
«La grande problématique de la SNEL c’est le déficit de production. Cela se traduit par un délestage qui ne fait qu’augmenter», a-t-indiqué M. Fabrice Lusinde. A l’en croire, la SNEL va continuer à soutenir la demande malgré qu’elle est en déficit structurel. S’adressant à l’ARE, il a affirmé qu’ils ont signé des contrats de vente d’énergie aux miniers pour à peu près 2200 MW, alors qu’en réalité, structurellement, ils ne reçoivent d’Inga que 530 MW à Kolwezi. «Structurellement, tous les clients miniers sont délestés», a-t-il ajouté. .
D’autre part, M. Lusinde a sollicité l’appui de l’ARE parce que les opérateurs ne se sentent pas protégés par rapport à la fiscalité. «En tant que opérateur nous ne sommes pas protégés», a-t-il indiqué après avoir parlé de la collaboration qui existe entre l’ARE et la SNEL notamment en ce qui concerne le règlement des litiges qui opposent parfois la SNEL aux consommateurs de l’électricité.
«Parmi les défis majeurs figure la fiscalité énergétique, qui devrait être un instrument simplifié permettant de soutenir l’investissement de la SNEL, mais aussi celui de tous les opérateurs. Ce n’est donc pas spécifique à la SNEL», a-t-il affirmé.
Le DG de la SNEL a par ailleurs épinglé d’autres difficultés qui nuisent à son Établissement public, à savoir la dette 238 millions de dollars que l’Etat doit à ce dernier, les difficultés liées à la facturation dont les problèmes de la facturation forfaitaire et du tarif. D’après M. Lusinde, la SNEL gère la plus grande dette du pays, après l’Etat, une dette de 3 milliards de dollars, pour laquelle elle rembourse chaque mois à peu entre 25 et 30 millions de dollars.
Quant à lui, M. Adrian Fariyala, il a plaidé pour la satisfaction de la demande de l’énergie que les miniers formulent à l’endroit de la SNEL. Pour lui, les miniers ont les mêmes problèmes qui les préoccupent et ceux-ci portent majoritairement sur le déficit énergétique. En 2024, de janvier à août, a-t-il regretté, ils ont (les cinq plus grand minings) perdu 700 millions de dollars à cause des coupures du courant électrique. D’où, a-t-il affirmé, les miniers cherchent à se mettre ensemble pour renforcer leur synergie pour aider la SNEL, ce qui est une façon de renforcer la dynamique.
Monsieur Fariyala a fait observer que des mines ne font que naître, au moment où eux importent de l’énergie. ERG et les quatre autres grands minings importent plus de 350 MW, alors qu’à lui seul ERG importent autour de 70 MW.
Quelques projets de la SNEL
Toutefois, le DG de la SNEL a parlé des perspectives. La SNEL, en effet, a le programme d’installer digitalement des compteurs, celui d’étendre le réseaux en partenariat avec les autorités provinciales, en particulier avec les gouvernements provinciaux, les viles du pays connaissant davantage une grande extension.
«Au moins 400 000 compteurs vont être installés dans les mois à venir. Un partenariat est signé pour passer de 6600 Volts à 30 000 Volts au niveau de Kinshasa», a-t-il annoncé concernant la clientèle .
L’ARE met en demeure
Ce premier jour où il était prévu, outre l’ouverture officielle des assises, des rencontres avec des opérateurs-clés, Dr Sandrine Mubenga a mis en garde les opérateurs insolvables, ceux qui ne veulent pas payer l’argent qu’ils doivent à l’ARE. Elle les a invité à régler leurs dettes auprès de l’ARE pour permettre à celle-ci de fonctionner. Parmi ces compagnies figure SICOHYDRO. «Il est très important de régler la facture de l’ARE à temps», a-t-elle martelé avant d’arguer : «Toute entreprise qui ne paye pas les frais ne bénéficiera pas des services de l’ARE, d’une façon directe ou indirecte». aussi a-t-telle appelé tous les opérateurs de collecter des données tel que stipulé par la loi, mais aussi de payer les frais de suivi d’étude tarifaire chaque fois.
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