Bemba libéré, les experts crachent sur la CPI !

Après l’acquittement et la libération provisoire de Jean-Pierre Bemba mardi 12 juin, les experts ont eu des mots sulfureux vis-à-vis de la Cour pénale internationale (CPI). Certains estiment que « la justice internationale s’est ‘’auto-sabordée’’ en acquittant Bemba Gombo de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité. Pour eux, il s’agit d’une décision historique qui affaiblit le message envoyé aux pires criminels du monde.

Pour les experts, passer de la peine la plus lourde à l’acquittement est un revirement spectaculaire prononcé par la chambre d’appel, qui remet en question la capacité de la justice internationale à prouver la responsabilité des commandants militaires. « Pour la lutte contre l’impunité, cette décision est très décevante. Elle affaiblit sérieusement la capacité de la justice internationale à condamner des gens comme Bemba », a expliqué à l’AFP Stephen Rapp, ex-ambassadeur itinérant pour les Etats-Unis chargé des crimes de guerre. Le diplomate américain considère que la CPI, fondée en 2002 pour juger les pires crimes commis à travers le monde, s’est mise « en danger » et risque de « perdre de sa pertinence ».  « La CPI semble dire aux chefs de guerre : tant que vous n’êtes pas sur les lieux, laissez donc vos troupes commettre les pires crimes et les pires abominations », s’est exclamée Karine Bonneau de la Fédération internationale des ligues des droits de l’Homme (FIDH).  « C’est une défaite pour la CPI et une illustration de l’immense complexité pour arriver à prouver la responsabilité de quelqu’un comme Bemba », a indiqué Marieke de Hoon, professeur de droit international à l’Université d’Amsterdam. Ironiquement, elle estime que la CPI « n’est pas une commission de la vérité » ni un repère de justiciers. Pour Mme Hoon, l’opinion publique veut tellement rendre justice aux nombreuses victimes des criminels de guerre que les attentes placées en la CPI dépassent le cadre du droit. L’incapacité de la chambre d’appel à confirmer une condamnation à cause de « trous » dans l’argumentaire de l’accusation illustre également le manque de moyens humains et financiers à la CPI pour consolider ses investigations, indique-t-on. « Cet acquittement montre la faiblesse de la Cour, qui n’est pas assez efficace. Il faudrait davantage d’équipes d’investigation sur place », indique Stephen Rapp. « Nous ne pouvons pas questionner le droit international ni son interprétation des juges. Il s’agit de consolider les argumentations afin de permettre que de tels cas ne se reproduisent pas », poursuit-il. Par l’acquittement surprise de Jean-Pierre Bemba, les juges ont pris une décision spectaculaire, historique. Et « courageuse »: « les juges se sont sabordés et ont porté un sérieux coup à la légitimité et à la crédibilité de la CPI en apportant de l’eau au moulin de ses détracteurs », souligne Marieke de Hoon.

voxpopuli.cd, avec Jeune Afrique

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