Paul Kagame parle de Katumbi et lance de quolibets sur Kinshasa

Dans une longue interview accordée au magazine Jeune Afrique, le président du Rwanda a notamment parlé de la visité de Moïse Katumbi à Kigali, invité par la Fondation Mo Ibrahim et de la situation de la RDC. À la question de savoir si Kigali était le bon endroit où Moïse Katumbi devait publiquement parlé contre Kinshasa, fin avril, Paul Kagame a indiqué : « Si vous signifiez par là qu’il eût été préférable que Moïse Katumbi formule ces propos dans son propre pays, je suis d’accord. Mais suis-je responsable du fait qu’il n’y retourne pas ? Kigali est-il le seul endroit où il s’est exprimé ainsi ? Les problèmes de Katumbi ne concernent que lui, le Congo et le président congolais ». Pour le reste, a enchaîné le Président rwandais, il n’était pas l’invité du Rwanda mais celui de la Fondation Mo Ibrahim, qui organisait à Kigali la remise de son prix. « Les accords entre cette fondation et les pays hôtes de la cérémonie stipulent que cette dernière est libre d’y convier qui elle souhaite », a-t-il précisé avant d’ajouter : « Quel motif aurions-nous eu d’interdire à Katumbi l’entrée au Rwanda ? Katumbi est peut-être persona non grata dans son pays, mais il ne l’est pas ici ni ailleurs, à ma connaissance. Il voyage partout, et il n’y a qu’au Rwanda qu’apparemment cela pose problème ».

Sur une probable initiative sur la RDC

Dans un autre registre, François Soudan a voulu savoir s’il existe une initiative commune tripartite France-Angola-Rwanda au sujet de la RDC. « Si initiative il y a, elle n’implique pas que ces trois pays. La région, l’Afrique, mais aussi les États-Unis, l’Europe, la Chine, la Russie se préoccupent de ce qui se passe en RDC. La stabilité de ce pays concerne ses voisins, les voisins de ses voisins, ainsi que leurs partenaires extérieurs. À ce titre, la situation congolaise impacte l’Angola et le Rwanda, en tant que frontaliers, et la France, en tant que partenaire ayant des intérêts économiques en Afrique centrale. Mais parler d’un axe hostile formé par ces trois pays relève soit de l’imagination, soit du prétexte pour détourner l’attention des vrais problèmes », a-t-il expliqué.

Sur les élections et l’Accord de la Saint Sylvestre

Au sujet de l’organisation des élections, le 23 décembre 2018, ironique, Paul Kagame affirme que ce sont les signataires de l’Accord de la Saint Sylvestre qui doivent respecter leurs engagements, et que Joao Lourenço et lui n’en sont pour rien.  « Mais il s’agit là de ce dont les Congolais eux-mêmes ont convenu ! Ni le président Lourenço ni moi-même ne sommes partie prenante des accorts de la Saint-Sylvestre. Tout ce que nous souhaitons, en tant que voisins concernés parce que potentiellement affectés, c’est que ces accords conclus entre Congolais soient respectés par leurs signataires », a-t-il affirmé.

L’autre question de Monsieur Soudan est : les autorités de Kinshasa sont très sourcilleuses vis-à-vis de tout ce qui relève de leur souveraineté. C’est une attitude que vous devriez comprendre… « Certes. Mais ces mêmes autorités devraient faire en sorte que les problèmes que rencontre leur pays n’interfèrent pas sur la souveraineté de leurs voisins. Si la RDC implose, le Rwanda risque la submersion », s’est justifié le président en exercice de l’UA. Je sais bien que, a-t-il poursuivi, certains ont reproché à la communauté internationale de faire pression sur les présidents Kabila et Nkurunziza et pas sur moi. « Mais y a-t-il de l’instabilité au Rwanda et de la stabilité au Burundi et au Congo ? Poser cette question, c’est y répondre », a-t-il lâché. « Enfin, au Rwanda, comme d’ailleurs au Congo ou au Burundi, c’est aux peuples qu’il appartient de décider de leur avenir. Les Rwandais ont opté pour la continuité, et chacun peut constater le climat de paix qui règne ici. Citez-moi un seul exemple de pays dont le leader s’accroche au pouvoir contre la volonté de la population et qui, en dépit de cela, demeure parfaitement stable. Je n’en connais aucun », a-t-il comparé.

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