OIF : les experts de l’Afrique centrale en séminaire de renforcement des politiques d’aménagement linguistique à Kinshasa

La direction « Langue française, culture et diversités (DLFCD) » de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) tient depuis le 10 décembre, à Kinshasa, un séminaire de renforcement des politiques d’aménagement linguistique, à l’intention des pays d’Afrique centrale et des Grands Lacs, auquel 13 spécialistes prennent part. Le Campus numérique francophone de l’Agence Universitaire de la Francophonie (AUF), situé au numéro 44 de l’avenue de la Démocratie, dans la commune de la Gombe, sert de cadre au séminaire.

Ces experts, pour la plupart universitaires et professionnels issus du monde de l’éducation, de la culture et de la sociolinguistique représentent leurs pays respectifs : Cameroun, Centrafrique, Congo, RD Congo, Gabon, Sao Tomé et Principe. Pendant trois jours, autour des experts issus de l’espace francophone du Nord et du Sud, ils seront sensibilisés, en partageant des expériences destinés aux structures étatiques, scientifiques et associatives (directions générales ou nationales, instituts, observatoires) chargés de l’aménagement linguistique au sein de leurs pays. Les travaux ont été ouverts par Jonas Kumakinga, délégué général à la Francophonie et correspondant national de l’OIF en République démocratique du Congo. Entre autres experts qui animent cet important séminaire figure Francine Quéméner, spécialiste de programme Observatoire de la langue française/Politiques linguistiques.. Elle travaille en collaboration avec Nathalie Marchal, experte formatrice et Directrice pour la Direction de la langue française de la Fédération Wallonnie-Bruxelles, secrétaire du Conseil de la langue française et de la politique linguistique  ; ainsi qu’avec le Professeur  Omer Massoumou, Expert formateur de OIF, vice-doyen de la Faculté des Lettres de l’Université Marien Ngouabi du Congo Brazzaville.

Selon Francine Quéméner, les participants sont sensibilisés sur les enjeux de la diversité culturelle et linguistique, aux mécanismes de la gouvernance linguistique (environnements linguistiques et instruments de gouvernance, stratégies de sauvegarde et de valorisation des langues. Ils sont aussi sensibilisés par rapport aux outils théoriques et pratiques indispensables pour une mise en œuvre réussie des politiques linguistiques dans le contexte des pays francophones du Sud. «La RDC est une région du monde très déterminante dans l’espace francophone car le Congo est le deuxième pays au monde en termes des locuteurs francophones. Entant que premier pays en ce qui concerne le nombre d’enfants scolarisés en français, on ne pouvait pas ne pas être ici pour travailler dans le cadre de ce séminaire et d’une table ronde qui aura lieu vendredi 13 décembre, justement sur la question de la langue française, des langues nationales, des différentes problématiques qui se posent pour les intégrer, les valoriser dans le système éducatif, échanger avec des membres de la communauté scientifique sur les problématiques, les difficultés qui existent, comment on peut y répondre, comment on peut renforcer le réseau expertise en rencontrant ces enseignants chercheurs, ces cadres de ministères autour de ces problématiques», a-t-elle déclaré. À l’en croire le séminaire va permettre de modéliser des politiques linguistiques qui ont fonctionné dans de pays du Nord et du Sud en fonction des réalités sociolinguistiques qui sont propres à chaque pays, aux choix en termes de développement qui sont propres à chaque pays, qui permettent à ses participants de soumettre un projet à l’OIF. Par ailleurs, le séminaire permettra d’effectuer un état des lieux de la situation des pays qui seront représentés, et qui seront invités à soumettre un projet dans le cadre d’un appel à manifestation d’intérêt (AMI) qui sera diffusé en 2020 par l’OIF. Cela permettra d’accompagner les Etats et les gouvernements dans la définition et l’élaboration de plans d’action de gouvernance linguistique favorables à la diversité linguistique et culturelle, ainsi qu’au plurilinguisme. «L’OIF ne fait pas que la promotion de la langue française. Il intervient aussi pour ses différents pays membres, à la promotion des autres langues ou des langues nationales. C’est dans cette optique que l’OIF a lancé l’appel d’offre pour aménager les politiques internes des langues nationales. La promotion de la diversité culturelle et linguistique est parmi ses objectifs. Comme la RDC avait postulé à cet appel d’offre, vu son expérience, l’OIF a constaté qu’il n’est pas du tout représenté au niveau de l’Afrique.  Elle a préféré la choisir du fait qu’elle avait déjà postulé, pour profiter de son expérience afin de la partager avec tous les pays de l’Afrique centrale. Le gouvernement attend que son système des politiques linguistiques soit aménagé grâce aux outils qu’apportera l’OIF», a déclaré M. Jonas Kumakinga.

Des politiques linguistiques conséquentes
Selon Francine Quéméner, les pays francophones comptent une diversité de langues sur leur territoire national, plus particulièrement ceux qui appartiennent à l’espace francophone du Sud; une situation qui nécessite une prise en compte spécifique qui passe par le renforcement ou l’élaboration de politiques d’aménagement linguistique conséquentes de la part de l’État. «C’est la raison pour laquelle la Francophonie encourage ses pays membres à mettre en oeuvre des politiques linguistiques où le français et les langues nationales intègrent une vision globale du développement linguistique et social des pays. Et ce, dans la continuité du Sommet de Madagascar, en 2016, qui a doté l’OIF d’une nouvelle résolution qui ancre la promotion du français dans le cadre d’une politique favorable à la diversité linguistique, pour que la valeur des différentes langues puisse être prise en compte dans le développement économique de tout pays», a-t-elle expliqué.

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