En ce moment où la presse congolaise a perdu de sa superbe, en se transformant en véritable « course à l’échalote », et où l’ambiance rappelle la tour de Babel, les amoureux de la bonne presse ressassent avec nostalgie l’époque où le journaliste rédigeait encore en bon français et non en pidgin. WWW.VOXPOPULI.CD se propose de relayer la réflexion de Monsieur Léon Mukoko, directeur à l’Institut facultaire des sciences de l’information et de la communication (IFASIC), comme pour soutenir le retour aux fondamentaux. Licencié de l’Institut des sciences et techniques de l’information (ISTI), Léon Mukoko a toujours indiqué la bonne direction, à l’instar d’une boussole. Ci-dessous sa réflexion.
Je ne le dirai jamais assez, dans le cadre de sa marche vers le développement durable, la RDC a besoin d’être accompagnée et soutenue par une presse de qualité, remplissant à fond sa triple mission d’informer, de former et de divertir.
Il y a deux jours (à l’occasion du lancement du cinquantenaire de l’UNPC), grande a été ma joie d’entendre le Président de l’Union Nationale de la Presse du Congo faire le diagnostic de la presse nationale. J’ai été frappé par la qualité de son analyse. Pour tout dire, ce dernier n’y est pas allé par le dos de la cuillère. Il a relevé beaucoup de médiocrité. Je le félicite en passant pour son courage et son honnêteté intellectuelle.
Auparavant, j’étais également touché par une interpellation de mon ami Gaudens Tiefolo qui s’interrogeait, dans le cadre d’un échange sur la qualité des articles publiés dans nos journaux, comme il sait très bien le faire en lançant : « où sont passés les Secrétaires de Rédaction? »
Effectivement, à voir la qualité des articles proposés à la consommation du public, il y a quelques soucis. On se demande s’il y a encore des secrétaires de rédaction dans nos journaux. Des articles dont les titres n’ont parfois aucun rapport avec le contenu (Titres pompeux aux contenus poussiéreux, disait l’autre…), Des fautes inadmissibles, des Fake news (comme celui qui annonçait, sans rire, que Kalev avait été arrêté à la CENCO)…
Pour rappel, le Secrétaire de rédaction (Redasec) est un journaliste d’un genre un peu particulier. Contrairement à ses collègues, il ne se rend pas sur le terrain. Travaillant surtout en bout de chaîne, il se charge de la vérification et de la mise en forme de l’information. Sous la direction du rédacteur en chef, il veille à la hiérarchisation des infos (articles, photos, etc.). Il presse les rédacteurs retardataires, PUIS RELIT ATTENTIVEMENT leurs sujets, à l’affût de la moindre erreur : structure de l’article, style, fautes d’orthographe ou de syntaxe. Critique, il veille à la clarté et à la cohérence du propos. Il peut remanier un article mal construit, couper un papier trop long pour tenir dans la page montée ou, au contraire, l’allonger. Il s’occupe aussi des titres, des légendes, plus globalement de tout ce qui peut relancer l’attention du lecteur.
En collaboration avec le graphiste, parfois seul, il veille à la mise en pages et suit la phase de fabrication. Doté d’une parfaite orthographe et d’une solide culture générale, le secrétaire de rédaction maîtrise les logiciels de PAO (publication assistée par ordinateur) type XPress ou InDesign.
En guise de profil, le Redasec ne peut pas être le premier bricoleur venu. Il doit justifier d’un bon parcours en journalisme. Il doit disposer d’une formation d’au moins 3 ans dans le domaine des sciences de l’information et de la communication dans une école reconnue.
A ceux qui investissent dans le secteur des médias, je demande d’être regardants en s’entourant de collaborateurs compétents et expérimentés. La presse ne saurait remplir sa mission de FORMER avec des canards boiteux.
A chacun son travail, les vaches seront très très bien gardées…
L’orphelin négligé
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