Il a 17 ans et il aime passionnément écrire en français, activité qu’il a commencé depuis son bas âge. Nahano Lufungulo est certes né aux Etats-Unis où il a toujours vécu, mais sa passion du Congo, son patriotisme et sa connaissance dudit pays sont sans mesures. Il retrace dans son ouvrage ayant pour titre « Ceux qui nous précédés » le parcours de ses aïeux dont il dit avoir donné des grands hommes et grandes dames à la nation. Entretien.
Nahano, tu viens de publier un ouvrage intéressant intitulé « Ceux qui nous ont précédés ». Peut-on savoir qui tu es et d’où tu viens ?
Je m’appelle, Nahano Lufungulo, je suis né à Toledo, une ville des Etats-Unis d’Amérique où je vis et je fréquente un lycée. J’ai 17 ans et mes parents sont Congolais et donc je suis très fier de mes origines congolaises.
Quelle est l’étincelle qui t’a poussée à écrire cet ouvrage ?
J’ai commencé ce projet en 2018. En ce temps-là je lisais beaucoup et un jour j’étais en train de lire « Tu les leur diras », c’est un livre écrit par Kakou Clémentine Faik-Nzuji, qui est la sœur de ma grand-mère. Et ce livre, il s’agit de la vie de ses parents. Kaku Clémentine avait récolté des récits de ses parents ainsi que plusieurs témoignages de gens qu’ils avaient connus. Et donc en lisant ce livre, j’ai été inspiré et je me suis dit, pourquoi pas faire un ouvrage comme ça, mais qui parle de toute ma famille, du côté de ma mère et du côté de mon père ?
De quoi parle ce livre ?
Il s’agit de l’histoire de ma famille et donc ça parle de mes ancêtres, de leurs vies, comment ils étaient impliqués dans l’histoire de leur pays, la République démocratique du Congo ainsi que ma famille actuelle. La récolte des informations dans ce livre remonte au 14ème siècle si je ne me trompe, jusqu’à nos jours.
Quelles sont les différentes étapes par lesquelles tu es passé dans la conception de ce livre ?
Au début c’était plus les interviews, donc j’appelais souvent les gens ou on se rencontrait pour parler de leur histoire, leurs vies ainsi que les éléments des histoires familiales et j’enregistrais nos conversations. Ensuite c’était la transcription et aussi je faisais beaucoup de recherches entretemps pour, parce que comme c’est un livre historique je devais vérifier mes sources et ce qu’on me disait pour pouvoir écrire. J’envoyais des questionnaires à d’autres personnes et les réponses de tout cela m’ont aidé à rédiger ce livre. Il y avait aussi d’autres personnes qui m’envoyaient des textes sur leurs vies et je les ai mis dans le livre. C’est comme ça que j’ai fait. Et comme tous les enregistrements n’étaient pas en français, je devais le traduire parce qu’il y avait certaines interviews que j’ai faites en anglais, Swahili, Kikongo, etc. Je devais les traduire en français.
La rédaction du livre t’a pris combien de temps ?
La rédaction de ce livre m’a pris 5 ans, ça n’a pas été facile. Il y avait des moments où je voulais tout abandonner, surtout vers la fin cela devenait de plus en plus difficile, tu vois avec la transcription ce n’était pas facile, même la recherche, récolter les informations, vérifier les sources, être sûr qu’il n’y avait pas de contradiction et s’il y en avait je devais chercher la vraie réponse tout cela…ce n’était pas du tout facile. Il y a plein d’autres trucs qui posaient problème dans ce projet mais je ne vais pas tout citer.
Quel message transmets-tu à travers ce livre ?
C’est vrai que le lecteur voit que le Congo est un pays riche en histoire et qu’il y a des gens qui ont beaucoup apporté à leur pays et qui sont souvent restés dans l’ombre. J’aimerai qu’ils voient comment les gens qui sont partis de rien dans un Congo colonial ont donné des grands hommes et des grandes dames à la nation. J’aimerai que ma famille, les jeunes, les générations à venir soient fiers de leurs origines et qu’ils cherchent à préserver la mémoire de leurs ancêtres, qu’ils s’inspirent aussi de leurs ancêtres pour être meilleurs en tant qu’humains.
Pourquoi l’image d’un arbre sur la couverture de l’arbre ?
Tout d’abord j’aimerai remercier ma cousine, Mathilde Pirotte parce que c’est elle qui a dessiné l’arbre sur la couverture. Au fait, l’idée derrière la couverture est un peu philosophique, donc l’arbre acacia symbolise la configuration des relations familiales qui me lient à mes ancêtres et donc le petit garçon c’est moi qui regarde cet arbre qui représente mes ancêtres, la lignée familiale. Il y a aussi une autre façon de regarder cette couverture. On peut dire aussi que l’arbre et les branches représentent le présent, ma famille actuelle et les générations à venir et que les racines qu’on ne voit pas représentent le passé de mes ancêtres. Et donc je regarde tout cela, je regarde l’arbre ainsi que les racines qui sont sous terre.
Et pourquoi le titre « Ceux qui nous ont précédés » ?
J’ai choisi ce titre parce que le livre parle de mes ancêtres, qui m’ont précédé bien sûr, l’impact, l’influence qu’ils ont eue sur mes arrières grands-parents, grands-parents, mes parents jusqu’à présent quoi… Donc, c’est un peu ça l’idée derrière le titre, pour montrer comment ceux qui nous ont précédés ont toujours un impact aujourd’hui. C’est pourquoi j’ai mis « Ceux qui nous ont précédés ». Donc, le « nous » signifie la génération actuelle.
Tu es né et tu as grandi aux Etats-Unis d’Amérique, comment as-tu appris le français au point d’écrire et de publier un livre dans la langue de Molière ?
C’est vrai que je suis né aux Etats-Unis, je parle anglais mais le français c’est depuis que je suis bébé, on parle cela à la maison. Et non seulement je parle français et anglais, je parle aussi les quatre langues nationales du Congo ! Je parle très bien le lingala, le Swahili, je parle aussi le Kikongo et le Tshiluba un peu moins bien, je parle quand même, je comprends. Et le mashi aussi qui est la langue de ma tribu.
D’où te vient cette passion d’écrire ?
Je ne dirai pas que c’est une passion, mais c’est quelque chose que je fais bien. Lorsque j’étais plus petit j’avais écrit 12 petits livres sur de sujets divers, par exemple sur Kwame Nkrumah, Patrice Emery Lumumba, le Congo ainsi que des contes que j’avais créés. J’ai de l’expérience dans l’écriture, mais ce n’est pas quelque chose à laquelle je consacrerai ma vie. Mais bon, Dieu seul connait mon avenir.
Pourquoi avoir fait le choix de l’auto édition ?
Bon, c’est simple, j’ai choisi le self-publishing (auto édition) parce que c’est gratuit. Donc, c’était cela la raison. J’ai trouvé que le processus d’une maison d’édition traditionnelle était plus long et donc j’ai chois le self-publishing parce que c’était plus rapide et c’était gratuit.
A quand la version anglaise ?
La version anglaise est en préparation, je travaille dessus, donc c’est pour très bientôt.
As-tu un message à lancer aux jeunes ?
Un petit message aux jeunes. J’aimerai vous dire que tout est possible si vous avez la volonté. Vous voyez, j’ai 17 ans, je viens de publier un livre, donc c’est possible de le faire, c’est possible d’avoir un impact, il ne faut pas vous dire que je suis jeune, je ne suis pas adulte, je ne peux pas avoir d’impact, non ce n’est pas vrai, il faut juste avoir la volonté, la détermination. Vous pourrez tout faire si vous avez la volonté, la motivation, donc tout est possible.
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Propos recueillis par Hubert MWIPATAYI
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