Edito : Vous avez dit « meilleur choix » !

La campagne électorale débute ce dimanche 19 novembre 2023. Cette phase qui mène aux élections est un moment crucial pour tous les candidats en lice, à la députation nationale, provinciale, tout comme à la présidentielle. Les nuits pour certains seront désormais très agitées car, comme Alice au pays des merveilles, ils pourraient, dans leurs rêves, commencer à se voir déjà à l’hémicycle où au Palais de la Nation.

Meurtrie depuis longtemps, la population, qui ne croit plus en la magie des élections, attend pour sa part voir les candidats se livrer à leur routinier exercice de mensonge. Pour elle, programme de gouvernance ou pas, la course est à la mangeoire. D’ailleurs, c’est un secret de polichinelle, le Congolais lambda ne s’intéresse jamais auxdits programmes, ventre affamé n’ayant point d’oreilles.

Néanmoins, l’opinion est curieuse de voir la manière dont les uns et les autres vont battre leurs campagnes. Ce qui est sûr, pour ce qu’est de la présidentielle, la gestion du candidat Félix Tshisekedi sera mise à rude épreuve. Toutes les promesses qu’il a faites vont être exhumées et comparées à ses réalisations. Le docteur Mukwege, connu comme un homme peu bavard, va lui aussi tenter de convaincre les électeurs sur son fameux plan de sécurité de l’est du pays, alors qu’Adolphe Muzito va devoir proposer mieux que le mur de séparation entre le Rwanda et la République démocratique du Congo.

N’ayant jamais participé à une présidentielle, on se demande comment Moïse Katumbi va mener sa campagne. Va-t-il jeter des billets verts partout en RDC ? Wait and see, disent les Anglophones.  On espère que le « Président élu » MAFA sera réélu et quittera l’antichambre du pouvoir pour aller cette fois-ci signer des ordonnances présidentielles au Palais de la nation.

Quant à Delly Sesanga, dans sa hargne de gagner haut la main la présidentielle, personne ne sait s’il convaincra la population seulement avec sa verve oratoire là où le camp de l’Union sacrée va mettre la main dans la poche. De même, nombreux se demandent si Matata Ponyo va se contenter d’expliquer toutes les formules de la macroéconomie ou le leadership là où les gens attendent de la nourriture dans leurs couverts.

En effet, on ne doit pas se voiler les faces. L’histoire biblique nous renseigne qu’alors que Moïse les amenait dans la terre promise ou coulait du lait et du miel, affamés, les Israélites préférèrent retourner en Egypte où il y avait des concombres, tomates…

Concernant la députation nationale, la campagne se fera dans une disparité criante. Certains élus qui ont amassé des milliers de dollars au Parlement, des ministres qui ont réussi à se faire des économies grâce notamment aux rétrocommissions et autres n’hésiteront pas à s’acheter carrément leurs sièges à un prix fort. Après tout, c’est une question de vie ou de mort.

Malheur à ce qui n’ont rien pour battre campagne car, ils risquent de n’avoir que leurs yeux pour pleurer. Ce qui est triste, certains infortunés vont devoir dépenser leurs maigres ressources, sachant que leurs chances de se faire élire sont infimes. Les enjeux étant importants, il faut dire que certains n’hésiteront pas à aller chez les marabouts, d’autres chez les féticheurs, d’autres encore dans des églises pour implorer Dieu.  Enfin, Bokul disait « Chance eloko pamba », pourquoi ne peuvent-ils pas tenter la leur ?

Toutefois, tant de questions qui taraudent l’esprit méritent des réponses. Ne va-t-on pas nommer cette fois-ci de députés comme ce fut le cas l’autre fois ? Certains ne se feront-ils pas élire dans les centres de compilation ? Trêve de commentaires, croisons seulement les doigts. Ce qui est sûr, malgré le fait qu’il est impossible d’organiser des élections parfaites, Denis Kadima, à l’instar de ses prédécesseurs, sera toujours indexé.

Seulement, il faut savoir qu’il y a ce qui ne rate pas dans l’organisation des élections depuis 2006 : la contestation et la confrontation des rapports des équipes d’observation des élections… Ce n’est pas pour rien que la Cour constitutionnelle a postposé le déroulement du procès Matata. Le contentieux électoral, bien évidemment, est une matière qui nécessite une grande concentration. D’aucuns se souviendront que c’est dans la cour de cette haute cour que Daniel Safu, feu Chérubin Okende et bien d’autres ont eu à passer nuit par le passé.

En conclusion, à la lumière des élections que la centrale électorale organise au Congo depuis 2006 et de tout ce qui se passe dans les institutions, le meilleur choix n’existe pas. Ce n’est que la répétition de l’histoire qui se fait.

Hubert MWIPATAYI

 

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